Aujourd’hui, 50% des Africains ont moins de 20 ans et les systèmes académiques des capacités structurelles limitées. Dans ce contexte, la formation continue s’impose comme une opportunité capitale pour les acteurs privés et publics du continent.
« Plus on va à l’université, moins on a de chances de trouver un emploi », peut-on parfois entendre en France, mais aussi en Afrique ! Si les statistiques démentent cette supposition en France puisque le chômage des jeunes frappe en majorité les non diplômés, il est vrai que les systèmes éducatifs en Afrique, notamment l’enseignement supérieur, ne sont pas toujours en adéquation avec le monde du travail, qu’il s’agisse des entreprises ou des administrations.
Le secteur privé est donc souvent contraint de mettre en place ses propres systèmes de formation et d’apprentissage.
Les pouvoirs publics, quant à eux, ont pris conscience de la nécessité d’augmenter leur efficacité et sont donc soucieux de mieux former leurs agents tout au long de leur carrière. Là-aussi, les initiatives sont très nombreuses. Mais la prise de conscience de cette urgence rend à ce jour aléatoire une juste évaluation des formations ainsi proposées par une multitude d’acteurs, souvent privés, sur ce nouveau marché prometteur et en forte croissance.
Grands groupes comme startups confrontés au besoin de talents formés Parallèlement, la promotion de la création d’entreprises et de l’auto-entrepreneuriat apparaît désormais de plus en plus comme une solution crédible pour multiplier les emplois dont le continent a tant besoin. Or si le phénomène des startup constitue à n’en pas douter un relais de croissance pour le continent et que, parmi elles, figurent sans doute quelques champions en herbe, il est tout aussi évident que les plus gros pourvoyeurs d’emplois aujourd’hui sont mécaniquement les plus gros employeurs.
À commencer par les grandes entreprises et les administrations, continuellement à la recherche de cadres supérieurs et intermédiaires pour conquérir de nouveaux marchés, monter en gamme dans leurs process de production ou de management, renforcer leurs capacités décisionnelles…
Aujourd’hui, 50% des Africains ont moins de 20 ans. Chaque année, 11 millions de jeunes arrivent sur le marché de l’emploi en Afrique subsaharienne. Dans les trente prochaines années, 450 millions de jeunes vont arriver sur le marché du travail. Le rythme de la croissance africaine actuelle ne permet d’espérer que la création de 250 millions d’emplois. Ces chiffres traduisent le plus grand défi auquel font et feront face les pays africains. Dans ce contexte, la formation professionnelle continue revêt une importance décisive. Elle permet de compléter les apprentissages dispensés par les systèmes éducatifs et ainsi de renforcer les compétences des cadres et dirigeants. En Afrique, ce levier est particulièrement important pour accentuer l’employabilité de la jeunesse et faciliter les évolutions des carrières.
Seuls des leaders bien formés créeront les emplois de demain. C’est par l’accompagnement des chefs d’entreprises, des agents de la haute fonction publique, des cadres et des managers et la mise en réseau de cette « élite professionnelle » que les institutions de formation au sens large aideront, avec le plus d’efficacité, les secteurs privés et publics africains à développer des solutions assez puissantes pour répondre au défi de l’employabilité. La formation continue est stratégique. Elle doit être dispensée par des acteurs de qualité disposant de références, d’une marque, de labels et assurant à ses partenaires un engagement sans faille pour l’Afrique.
Gouvernance, leadership, éthique, et croissance durable, au coeur de ces programmes Gouvernance, leadership, éthique, croissance durable, management responsable, efficience, rigueur…, tel doit être l’ADN de ces programmes et le profil des enseignants et intervenants, africains et internationaux, francophones et anglophones. Un seul leitmotiv doit guider l’action des structures qui projettent une partie de leurs activités en Afrique : s’inscrire dans un cycle vertueux que connaissent aujourd’hui de nombreux pays africains et co-construire avec eux les modèles de leadership et de gouvernance de demain. Le « clé en main » ne peut être la solution.
Article publié sur TRIBUNE AFRIQUE